Bonne gouvernance en Afrique : LES EXPERTS MONTRENT LA VOIE

Publié le par Sow

Depuis plusieurs années, les instances internationales assignent à l'Afrique un impératif de "bonne gouvernance".

Cependant les critères d'évaluation dont elles assortissent cette obligation ne tiennent compte ni de la diversité des situations, ni de l'adéquation des pratiques de gestion de l'espace public avec le contexte historique et culturel des sociétés africaines. Il est dès lors essentiel que les Africains interviennent dans le débat mondial sur la gouvernance en y apportant leur point de vue, leur souci d'articuler tradition et modernité et leur vision de l'avenir. C'est dans ce cadre que s'est tenue la semaine dernière à l'hôtel Nord-Sud un colloque international sur le thème : "Entre tradition et modernité, quelle gouvernance pour l'Afrique ?".
Ce colloque international qui a duré trois jours a regroupé des participants venus d'Afrique, d'Europe, d'Asie et d'Amérique. La rencontre de Bamako leur a permis de discuter, d'analyser pour formuler une vision commune et contribuer à la définition d'un projet africain de gouvernance. Les participants ont pu également confronter, de manière directe, les acteurs qui, en Afrique de l'ouest, portent cette tension entre tradition et modernité, et en faisant dialoguer des protagonistes (universitaires, hommes politiques, traditionalistes, religieux, etc.) dont les logiques évoluent souvent de manière parallèle.
Le colloque de Bamako voulait instaurer un dialogue entre un certain nombre de dépositaires du savoir politique et institutionnel des trois grandes périodes historiques que les États ouest africains ont connu. En outre, la rencontre se proposait de retracer l'évolution de la problématique de la gouvernance en Afrique de l'ouest en allant de la période pré-islamique à nos jours, de discuter des influences et apports dus aux contacts de l'Afrique subsaharienne avec les mondes arobo-musulman et européen, d'identifier les crises majeures que connaît l'Afrique d'aujourd'hui dans le domaine de la gouvernance. Mais elle entendait surtout favoriser l'émergence d'approches et d'analyses de la gouvernance qui s'inscrivent dans les vécus et les savoirs des sociétés africaines afin d'aider les acteurs publics et privés de la gouvernance en Afrique à réorienter leur action politique.
Les travaux et débats ont, par conséquent, insisté sur le choix des dirigeants, la redevabilité du pouvoir et la gestion du bien public.
Les travaux ont pris fin par une conférence de presse animée par Ousmane Sy, ancien ministre de l'Administration territoriale et coordinateur de l'Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique. Cette conférence était centrée sur la démocratie. Ousmane Sy a concédé que nombre d'erreurs ont été commises en Afrique en matière de gouvernance et de démocratie. Le continent a ainsi connu de nombreux coups d'État qui ont, pour la plupart, imposé des régimes despotiques dans les pays concernés. Toutefois, estime le conférencier, il n'est jamais trop tard pour parler de démocratie. "Mais cela devient un problème au moment où une part importante de la population ne sait pas ce que veut dire la démocratie", a-t-il indiqué. Il est temps, a-t-il jugé, de regarder dans le rétroviseur pour savoir ce qu'on a été et ce qu'on doit être.
Reconnaissant que la démocratie ne peut se faire en Afrique sans l'engagement des Africains eux-mêmes, Ousmane Sy constate que cette démocratie ne servira à rien si elle ne permet pas aux citoyens de manger à leur faim et d'éviter les guerres. Toutefois, dit-il, la recherche de la démocratie est un combat permanent et nous devons mener la lutte en tenant compte des expériences des autres sans oublier nos valeurs.
Le colloque était organisé par l'Institut pour un nouveau débat sur la gouvernance en collaboration avec l'Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique et le Centre d'expertise politiques et institutionnelles en Afrique.

Mh. TRAORÉ

Publié dans acmam

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